MOURIR

M O U R I R

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Mourir selon les bouddhiste est mettre un terme à la souffrance. Mais. Mais si c'état le contraire.

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L'ENFER, UNE VISITE GUIDÉE.
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Si. Si vous êtes déjà mort. Ou si vous rêvez. Vous vivez alors une vie imaginaire. Lorsque vous vous réveillerez quelle sera votre vie «réelle» ? Si la mort comme le sommeil est un seuil dont le passage se fait imperceptiblement. Si vous êtes mort sans que vous le sachiez. Si les morts ont une sorte de vie. Imitant l'ancienne dont ils ne se souviennent plus. Dans le monde des morts. Mais comment «vivent» les morts ? Et y a-il différents états ou stades ou phases de la mort ? Si vous êtes morts et damnés et êtes en Enfer. Un ravin, un gouffre après un autre.
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M O U R I R


lundi

PORTE 4

Il ou elle ou ça avait monté un des escaliers. Au bout de l'escalier qu'il ou elle avait choisi - mais l'avait-il vraiment choisi ? - il y avait les corridors. Elle prit celui de droite. Car c'était une femme. Elle aurait pu prendre celui de gauche. 

Il y avait des portes. 

Le mot «il» pour cet usage est neutre. Sans doute aurait-on pu utiliser le mot «on» dont on ne servait pas pour une raison particulière ou à la suite d'une série de hasard et de caprices. 

Chiffres pairs, à droite. Chiffre impair à gauche. 

Chiffre pair.

Porte 4 du treizième étage.

Il y a là un manque évident de perfection et d'absolu.

Dans la chambre - cette pièce ne contenait qu'une chambre. 

Avec un grand lit. 

Et une femme. 

Qui était celle qui avait suivi l'escalier ou le corridor et ouvert la porte. Ou une autre. 

Il se pouvait qu'elle ait déjà été là.

Il y avait donc un grand lit. Et une femme. 2 accessoires indispensables à la vie familiale et à l'épanouissement d'un homme. Mais il n'y avait pas d'homme. Car la femme était seule. Et triste. Comme toute femme vide et sans homme. 

Et elle pleurait.

Elle parcourait la pièce qui aurait paru grande sans le grand lit qui en prenait bien la moitié et même cette moitié était imparfaite car le lit, au centre de la pièce. La tête du lit collée au mur. Faisait que le reste de l'espace était un U. Et c'est dans cet espace en U que la femme pleurait. Allait et venait d'une extrémité du lit à l'autre. Du côté droit au côté gauche en passant inévitablement par le pied du lit puisqu'elle ne pouvait faire autrement.

Comme elle pleurait.

Elle avait sans doute fait quelque chose.

Ou essayé de faire quelque chose.

Et raté.

Fait quelque chose.

Qu'elle n'aurait pas dû faire.

Ou n'avait rien fait alors qu'il s'était passé quelque chose.

Quelque chose de terrible.

Qu'elle aurait pu empêcher.

Mais elle ne l'avait pas fait car elle n'avait rien fait.

Et, depuis ce temps, elle pleurait.

Se reprochait.

Pourquoi ce jour-là, ce moment-là, n'avait-elle pas fait ou dit ou pensé quelque chose ?

Ou au contraire: qu'est-ce qui lui avait pris, ce jour-là, à ce moment-là, dont elle se souviendrait toujours, dont elle se souvenait parfaitement, actuellement, comme si elle le revivait. Avec des détails encore plus précis que dans son souvenir. Comme il arrive dans les rêves où la réalité est augmentée, améliorée, perfectionnée. Où on ne voit jamais aussi bien et clairement des situations absurdes qui auraient pu arriver - parfois, ce genre de chose est ce genre de chose qui arrive - qui est physiquement possible. 

Donc.

Elle allait d'un bord du lit à l'autre. Revenait. Recommençait.

Il y avait un grand tapis sous le lit qui débordait de tous les côtés, aussi sa marche ne faisait aucun bruit.

Par contre, ses larmes lorsqu'elles coulaient étaient bruyantes. Non, les larmes en soi - car les larmes sont généralement silencieuse presque muettes mais, elle, la femme, lorsqu'elle pleurait, faisait du bruit. 

Comme une douleur.

Oui.

Elle aurait pu souffrir.

Mais rien ne laissait voir qu'elle était malade, blessée, infirme.

Rien de visible.

Parce qu'elle était vêtues.

Peut-être que si elle avait été nue, on aurait pu voir une blessure, une infirmité, une abrasion, des plaies, des coutures à la suite d'une opération.

Ou cette blessure était intérieure.

Soit une émotion à la suite d'un drame.

Dans son esprit.

Ou la blessure intérieure d'une femme violée, dont on a forcé le corps, vaincue.

Qui se souvenait.

Mais il était impossible de le savoir à moins de l'interroger.

Car, on l'a dit, rien de visible n'indiquait l'origine de son chagrin.

Elle allait la tête blessée, secouant ses épaules à force de pleurer.

Elle allait, cette fois plus dramatiquement, les bras en l'air, invoquant - à une autre époque, c'aurait pu être une prière.

Se bras se tendait vers le Ciel ou le plafond.

Ensuite, ses mains et ses bras se détendaient et se ramenaient vers on visage - vieux ? - jeune ? - entre 2 âge - l'époque où la femme perd sa beauté et devient un objet de mépris - où on la plaint d'exister encore - d'imposer sa vue aux autres - difficile à dire.

Il aurait fallu lui poser la question.

Et le visage dans les mains, elle pleurait. 

Continuait à marcher.

Pleurant.

Intensément.

Mais l'intensité était parfois variable.

Soudain.

Comme épuisée, elle se jetait à terre.

Sur ses genoux.

Comme si elle s'installait pour prier.

Puis son corps se détendait et, encore à genoux, elle s'étirait jusqu'à ce que son visage touche le sol et elle frappait le parquet de bois de ses poings.

Ce qui était tout à fait ridicule.

Puis elle se ramassait. Tant de corps de femme étendue était exagéré.

Et s'assoyait sur ses talons. Passant de la position de prière chrétienne à la musulmane et à position de la femme - plus souple- assise par terre entre ses pieds. 

Et, rageusement, elle plongea les mains dans ses cheveux qu'elle tira et essaya d'arracher. Du moins, ça y ressemblait. Mais elle n'y arrivait pas. Pourtant, elle tirait ses cheveux à pleines mains.

Puis les cheveux tombés sur son visage.

On ne voyait plus son visage.

Elle resta là hébétée. Ou tout comme. Les femmes ont ces moments de stupidité.

Et elle plongea les mains dans ses cheveux, sur son visage, et commença à se griffer les joues. 

Ses ongles étaient en sang. 

Ses doigts couvents de sang.

Les paumes de ses mains.

Sa robe sur ses cuisses.

Tout ceci était fascinant.

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État 1. 12 mai 2014 __________________________________________________________________________